mardi 4 novembre 2014

L’Art du rien

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Lorsque je commence à regarder le temps qui passe, à m’y attarder, je sais que j’en ai pour un bon moment. C’est sournois. Ça vient me visiter quand je suis un peu fatiguée. Pas trop. Juste assez pour en profiter. Je décide d’arrêter et d’observer ce qui va se passer.
C’est-à-dire rien.
Ô rien, tu m’inspires !

Depuis que je suis enfant, j’ai ce rapport particulier avec le temps. Peut-être que ce n’est pas si particulier et que chacun vit des moments semblables. C’est même prétentieux de penser autrement. Je regarde autour de moi les humains s’affairer et déplacer beaucoup d’air. À mes heures, je participe moi-même à ce va-et-vient avec beaucoup d’application.
D’un coup, l’élastique pète et stop, je débarque. Littéralement. Un refus total et global de participer à toute forme d’agitation. Une grève des obligations, des « il faut ». Il faut quoi ? Suis obligée à quoi ? 
Pour quelques jours – un temps indéfini – sans date de péremption inscrite sur mon front. J’arrête. Je ne suis obligée à rien. Je pourrais même devenir « périmée », comme les œufs, le yaourt et  le lait. Il est étonnant qu’on ne sache pas encore, d’une manière scientifique, à quel moment on sera « périmé ». Cela simplifierait grandement nos vies. J’aurais le temps de faire mon ménage, la semaine  d’avant, question de faire bonne impression avant de partir. À 89 ans, vers 16 heures, vous serez « périmée ». Pas de niaisage, ni étonnement, ni grands sparages.
— Goodbye, Loulou, was nice meeting you !
— Vous le saviez depuis longtemps. Vous avez donc eu le temps, tout le monde, de vous y faire.
Ça prend quelques minutes et neuf mois pour faire un enfant. C’est clair et précis. On suit le déroulement  avec toute la gamme d’émotions liées à ce grand évènement. Tout est mis en place pour que ce soit une réussite. Une des plus grandes de la vie.
Donc, si on connaît précisément le temps nécessaire à faire un enfant, il serait juste de savoir aussi combien de temps il faut pour atteindre la date de péremption, non ? Incroyable, le nombre de détails laissés en suspens au moment de la création !
Sept jours ! C’était trop court. Ce fut bâclé. Et nous voilà pris avec les conséquences. Ce qui fait qu’on ne cesse de s’agiter parce que si on s’arrête un tant soit peu, on se met à y penser. À la date de péremption ! 

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