
Lorsque je commence à regarder
le temps qui passe, à m’y attarder, je sais que j’en ai pour un bon
moment. C’est sournois. Ça vient me visiter quand je suis un peu fatiguée. Pas
trop. Juste assez pour en profiter. Je décide d’arrêter et d’observer ce
qui va se passer.
C’est-à-dire
rien.
Ô rien, tu m’inspires !
Ô rien, tu m’inspires !
Depuis que je suis
enfant, j’ai ce rapport particulier avec le temps. Peut-être que ce n’est pas
si particulier et que chacun vit des moments semblables. C’est même
prétentieux de penser autrement. Je regarde autour de moi les humains
s’affairer et déplacer beaucoup d’air. À mes heures, je participe moi-même
à ce va-et-vient avec beaucoup d’application.
D’un coup, l’élastique pète et stop, je débarque.
Littéralement. Un refus total et global de participer à toute forme
d’agitation. Une grève des obligations, des « il faut ». Il faut quoi ? Suis
obligée à quoi ?
Pour quelques jours –
un temps indéfini – sans date de péremption inscrite sur mon front. J’arrête.
Je ne suis obligée à rien. Je pourrais même devenir « périmée », comme les
œufs, le yaourt et le lait. Il est étonnant qu’on ne sache pas encore,
d’une manière scientifique, à quel moment on sera « périmé ». Cela
simplifierait grandement nos vies. J’aurais le temps de faire mon ménage, la
semaine d’avant, question de faire bonne impression avant de partir. À 89
ans, vers 16 heures, vous serez « périmée ». Pas de niaisage, ni
étonnement, ni grands sparages.
— Goodbye, Loulou, was
nice meeting you !
— Vous le saviez depuis longtemps. Vous avez donc eu le temps, tout le monde, de vous y faire.
— Vous le saviez depuis longtemps. Vous avez donc eu le temps, tout le monde, de vous y faire.
Ça prend quelques
minutes et neuf mois pour faire un enfant. C’est clair et précis. On suit le
déroulement avec toute la gamme d’émotions liées à ce grand évènement.
Tout est mis en place pour que ce soit une réussite. Une des plus grandes
de la vie.
Donc, si on connaît
précisément le temps nécessaire à faire un enfant, il serait juste de savoir
aussi combien de temps il faut pour atteindre la date de péremption, non ?
Incroyable, le nombre de détails laissés en suspens au moment de la
création !
Sept jours ! C’était
trop court. Ce fut bâclé. Et nous voilà pris avec les conséquences. Ce qui fait
qu’on ne cesse de s’agiter parce que si on s’arrête un tant soit peu, on
se met à y penser. À la date de péremption !
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