Sœur
de la Sagesse, la prudence désigne la vertu cardinale, la qualité insigne ou le
concept philosophique qui atteste d’une conduite sage et raisonnable parce que
celui qui agit pense à la portée et aux conséquences de ses actes et qu’il prend
ses dispositions pour éviter ses erreurs, pour écarter les malheurs possibles,
pour éliminer ce qui provoque de la douleur ou de la souffrance, pour prévenir
tout ce qu’il croit pouvoir être source de dommage, notamment ce qui va à
l’encontre de son intégrité physique et psychique et de son évolution
spirituelle.
Née
de l’attention, facteur de conscience, support du courage, faite de lucidité et
de discernement, source de bon conseil, la prudence inspire ce qu’il faut
souhaiter et ce qu’il faut éviter, prévenant la précipitation, l’impétuosité,
l’irréflexion, l’inconstance, la négligence, l’irresponsabilité, la
témérité. En fait, comme le dit un proverbe espagnol : «La
prudence ne prévient pas tous les malheurs, mais le défaut de prudence ne
manque jamais de les attirer.»
Chamfort,
le poète, journaliste et moraliste français a dit : «Il y a la
prudence de l’aigle et celle des taupes» pour distinguer la compréhension
qui n’empêche pas de tenter de s’élever au-dessus de la mêlée, au lieu de
ramper au sol comme la majorité. Mais, si elle est prisée par les uns, la
vertu de prudence est vilipendée par d’autres qui la trouvent, diversement, la
«mère de l’imbécillité», le «style des aveugles», la «modestie
des couards» ou l’«attribut du lâche», l’«ennemi de l’amour»,
l’«euphémisme de la peur». Bref, la trouvant inhibitrice, comme un
empêcheur de tourner en rond, on dit qu’elle mène à tous les vices, n’amenant
rien.
En
effet, mal comprise, elle peut incliner à la paresse, saper le courage, miner
le moral, brimer l’imagination, entretenir l’irrésolution, maintenant les
impossibles et amenant à échapper à son destin. Peut-être la prend-on
trop au sens premier du mot ou ne peut-on en reconnaître la valeur qu’après
avoir traversé une bonne phase d’adversité? Car, pour l’être heureux, le
moindre jouisseur, pas trop moral, à quoi peut-elle servir, si ce n’est à
tenter de le contraindre artificiellement et vainement dans ses choix?
Un
proverbe oriental peut situer cette vertu dans sa juste perspective : «La
véritable prudence est de voir dès le commencement d’une affaire quelle en doit
être la fin.» Si on comprend bien, il y là une invitation à réfléchir
au sens de la vie pour déterminer les moyens à prendre dans sa conduite
humaine, veillant à mettre les moyens au service de la fin, non
l’inverse. Dans ce contexte, par esprit de prudence, un être peut se
permettre d’être audacieux, car le ciel peut lui être accordé en partage, mais
il doit savoir prendre des risques calculés, jamais téméraires, et toujours
agir dans la rectitude.
La
prudence appelle à surveiller ses pensées, ses paroles, ses sentiments et ses
actes, qui, consciemment ou inconsciemment, façonnent son destin. Elle
rappelle de discerner entre ce qui est illusoire ou éphémère et ce qui est
réalité et éternité. Elle invite à protéger sa vie, en faisant toujours
les bons choix, de manière à assurer également sa destinée éternelle :
découvrir la manière d’Être pleinement. Pour y arriver, il ne suffit pas
de connaître les lois, encore faut-il les appliquer.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire