mercredi 14 mai 2014

La médiocrité, le refuge des faibles et des petits



Ce sujet ne va pas plaire aux médiocres, qui ne tarderont pas à protester.  Car, au nom de leur droit de ne pas être dérangés, dans un suprême effort, ils vont dénoncer les propos qui suivent pour faire croire qu’ils ne sont pas du nombre.  Comme ils ne sont pas connus, comment expliquer que piqués au vif, ils choisissent, pour une fois, de réagir.  Et ils vont dire que ces arguments valent ce qu’ils valent, parce qu’ils sont subjectifs, c’est-à-dire qu’ils ne font qu’émettre des critères relatifs et des jugements de valeur.  Il faut comprendre que celui qui émet des jugements de valeur est un moraliste, ce qui ne doit plus avoir cours dans un monde de liberté.   Ou ils taxeront son auteur de mener une quête élitiste, de chercher à vivre dans une tour d’ivoire, ce qui l’amène à mépriser les faibles.  Ainsi, à son insu, il se révèle lui-même être un être moyen et haïssable.

Ainsi, sans chercher à comprendre le sens du billet, avec l’élan qu’il cherche à inculquer, ils feront observer que tout être est le médiocre d’un autre, dans la hiérarchie des compétences ou des consciences ou que la vie de chacun est une occasion unique d’évoluer à sa manière.  Ou ils opineront que chacun est le produit d’un certain rapport au monde selon son origine et sa culture, ce qui le justifie d’être et de rester comme il est.  Mieux, ils diront que, comme si on ne le savait pas, quel que soit le comportement d’un être, il reste un homme à part entière, un être digne d’être aimé, respecté, laissé en paix.  Et ils auront raison.  Mais peut-on tout laisser passer au nom du respect mutuel?

Alors, dans la société humaine, les détracteurs peuvent proférer toutes les insanités, ils peuvent jouer au Grosjean qui tente d’en remonter à son curé ou au rationnel qui ne pense qu’à arguer et discuter, mais un instructeur avéré ne peut plus évoquer ce qui caractérise un être, même s’il ne conteste pas son droit d’être et d’agir à sa guise.  Il n’y a que des êtres humains, tous pareils les uns aux autres, qui doivent s’accueillir dans l’égalité.  Dans l’ordre de la constitution physique, on peut identifier des handicapés, leur état se signalant d’évidence.  Dans l’ordre des religions, on peut parler d’élus et de damnés, car, malgré leurs erreurs et le ridicule de leurs dogmes, elles restent des institutions traditionnelles appréciables.  Mais, dans l’ordre des comportements humains et des motivations supérieures, nul ne peut pas aborder un sujet de l’ordre du travers, comme la médiocrité.  Les vices humains sont devenus tabous!  Et ils ont partiellement raison puisque de telles considérations ramènent dans la perspective de la dualité qu’il faut rapidement dépasser.

Alors, qu’on l’entende bien, le présent texte n’entend pas dénoncer la médiocrité, mais la décrire;  il n’entend pas mépriser le médiocre, mais le dépeindre.  Pourquoi? Simplement pour faire œuvre complète dans une encyclopédie de la spiritualité.  Il n’entend pas davantage appliquer l’étiquette de médiocre à qui que ce soit.  Alors, si quelqu’un s’y reconnaît, c’est probablement qu’il gagnerait à coiffer le chapeau.  Sauf que, comme il est de l’habitude du médiocre de proclamer la valeur du statu quoi, dans sa tentative de garder ses habitudes, de ménager ses efforts, de se maintenir dans sa zone de confort, de se fermer au changement, dans son manque de motivation d’évoluer vers le mieux, n’est-il pas permis de lui rappeler qu’il se fait du tort à lui-même et qu’il s’expose au péril, surtout en ces temps cruciaux?  N’est-ce pas un geste amoureux que de rappeler à un être que, dans son choix de s’abandonner au principe de l’inertie, il se condamne par lui-même à un destin terne et malheureux.  Une fois informé, il en fera bien ce qu’il voudra : s’il persiste dans sa léthargie, ce sera son choix.  Toutefois, le messager aura joué son rôle.


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