dimanche 25 mai 2014

Deux âmes pour un corps



Au sortir d’un choc ou d’un coma, certains se découvrent dotés d’une nouvelle identité. Altération neurologique ? Dissociation de personnalité ? Intercession d’âmes vagabondes ? Gros plan sur ces moments où nous ne savons plus qui nous sommes.

Toutes les nuits, nous perdons conscience. De ce que nos rêves nous laissent entrevoir, elle part explorer d’étranges territoires. Mais que penser de phénomènes encore plus extraordinaires ? En crise de somnambulisme, certains commettent dans leur sommeil des actes à des années lumières de leur personnalité ordinaire. Au réveil d’un choc ou d’un coma, d’autres se disent porteurs d’une toute nouvelle identité. 

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Identités multiples
Dans Prête-moi ton âme, Alexandre Grigoriantz raconte l’histoire – vraie – d’Alexandra Toselli. Il y a 40 ans, le 8 février 1974 à 11h15, l’antiboise est victime d’un œdème pulmonaire dans l’atelier de céramique où elle travaille. 20 minutes – dont 4 de mort clinique – plus tard, elle est en salle de réanimation à l’hôpital. Là, elle reprend quelques secondes ses esprits : « Où suis-je, que m’est-il arrivé ? » interroge-t-elle. On lui répond qu’elle a eu un accident. « Ah oui, je me souviens, j’étais sur mon scooter, je me suis retournée pour faire signe à une amie », s’entend-elle dire. Le personnel soignant la détrompe, puis l’informe que sa sœur l’attend. Sa sœur ? Quand il lui demande son nom, elle répond « Florence »… Puis sombre dans un coma profond. 

A son réveil, trois mois plus tard, elle est toujours habitée par l’étrange sensation de ne pas se reconnaître dans celle qu’on lui dit qu’elle est. Qui est cette Alexandra ? Qui sont ces gens censés être ses proches ? La jeune femme se sent à côté d’elle-même, son image dans le miroir la déconcerte. Dans le huis-clos de son intériorité, elle continue à héberger l’identité et les souvenirs d’une Florence. Le choc l’a-t-il rendue amnésique ? Souffre-t-elle de dissociation de personnalité ? Il ne s’agit ni d’hallucination ni de schizophrénie – Alexandra est stable émotionnellement, sa pensée est structurée. La situation n’a rien de surprenant : un traumatisme ou un coma peut entraîner une forme de dissociation psychique, amenant l’individu à manifester des formes nouvelles de personnalité ou d’intelligence. 

Capacité extra-sensorielle
Est-ce la raison pour laquelle Alexandra est désormais plus féminine, plus affirmée ? Petit à petit, l’antiboise retrouve son identité et sa conscience, mais la perception d’une présence à ses côtés ne la lâche pas, se sentant tantôt Alexandra, tantôt Florence, tantôt les deux. A sa sortie de l’hôpital, elle finit par se dire qu’il s’agit là d’un « mauvais cauchemar »… Jusqu’à découvrir incidemment, par l’une de ses collègues, qu’une étudiante en droit s’est tuée en scooter le 8 février 1974 à 11h23, soit 8 minutes après sa propre perte de connaissance, à moins de 300 mètres de l’atelier où elle se trouvait. 
Alexandre fouille les archives de Nice Matin, trouve le nom de la jeune femme : Florence Gandolfo. Elle fait des recherches, rencontre la mère de l’étudiante, et découvre alors que tous les détails de la vie de Florence dont elle se « souvenait », sans rien connaître de son existence au départ, sont exacts : les circonstances de son décès, la décoration de sa chambre, les chansons qu’elle aimait, les endroits qu’elle avait visités… Florence n’était pas sortie de son imagination ! 


 



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