jeudi 22 mai 2014

La prudence représente une injonction cosmique



Sœur de la Sagesse, la prudence désigne la vertu cardinale, la qualité insigne ou le concept philosophique qui atteste d’une conduite sage et raisonnable parce que celui qui agit pense à la portée et aux conséquences de ses actes et qu’il prend ses dispositions pour éviter ses erreurs, pour écarter les malheurs possibles, pour éliminer ce qui provoque de la douleur ou de la souffrance, pour prévenir tout ce qu’il croit pouvoir être source de dommage, notamment ce qui va à l’encontre de son intégrité physique et psychique et de son évolution spirituelle.

Née de l’attention, facteur de conscience, support du courage, faite de lucidité et de discernement, source de bon conseil, la prudence inspire ce qu’il faut souhaiter et ce qu’il faut éviter, prévenant la précipitation, l’impétuosité, l’irréflexion, l’inconstance, la négligence, l’irresponsabilité, la témérité.  En fait, comme le dit un proverbe espagnol : «La prudence ne prévient pas tous les malheurs, mais le défaut de prudence ne manque jamais de les attirer.»

Chamfort, le poète, journaliste et moraliste français a dit : «Il y a la prudence de l’aigle et celle des taupes» pour distinguer la compréhension qui n’empêche pas de tenter de s’élever au-dessus de la mêlée, au lieu de ramper au sol comme la majorité.  Mais, si elle est prisée par les uns, la vertu de prudence est vilipendée par d’autres qui la trouvent, diversement, la «mère de l’imbécillité», le «style des aveugles», la «modestie des couards» ou l’«attribut du lâche», l’«ennemi de l’amour», l’«euphémisme de la peur».  Bref, la trouvant inhibitrice, comme un empêcheur de tourner en rond, on dit qu’elle mène à tous les vices, n’amenant rien.

En effet, mal comprise, elle peut incliner à la paresse, saper le courage, miner le moral, brimer l’imagination, entretenir l’irrésolution, maintenant les impossibles et amenant à échapper à son destin.  Peut-être la prend-on trop au sens premier du mot ou ne peut-on en reconnaître la valeur qu’après avoir traversé une bonne phase d’adversité?  Car, pour l’être heureux, le moindre jouisseur, pas trop moral, à quoi peut-elle servir, si ce n’est à tenter de le contraindre artificiellement et vainement dans ses choix?

Un proverbe oriental peut situer cette vertu dans sa juste perspective : «La véritable prudence est de voir dès le commencement d’une affaire quelle en doit être la fin.»  Si on comprend bien, il y là une invitation à réfléchir au sens de la vie pour déterminer les moyens à prendre dans sa conduite humaine, veillant à mettre les moyens au service de la fin, non l’inverse.  Dans ce contexte, par esprit de prudence, un être peut se permettre d’être audacieux, car le ciel peut lui être accordé en partage, mais il doit savoir prendre des risques calculés, jamais téméraires, et toujours agir dans la rectitude.
La prudence appelle à surveiller ses pensées, ses paroles, ses sentiments et ses actes, qui, consciemment ou inconsciemment, façonnent son destin.  Elle rappelle de discerner entre ce qui est illusoire ou éphémère et ce qui est réalité et éternité.  Elle invite à protéger sa vie, en faisant toujours les bons choix, de manière à assurer également sa destinée éternelle : découvrir la manière d’Être pleinement.  Pour y arriver, il ne suffit pas de connaître les lois, encore faut-il les appliquer.


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