Le peuple Shipibo-konibo d’Amazonie péruvienne est réputé
pour ses pratiques de guérison chamanique puissantes et le magnifique artisanat
élaboré par ses femmes. Il compte environ 45000 personnes établies dans des
villages le long du fleuve Ucayali et de ses affluents ainsi que dans la ville
de Yarinacocha. Traditionnellement, elles vivent de la pêche, de l’horticulture
et aussi du commerce du bois comme journaliers. Pour eux, le phénomène
visionnaire ou onirique est une manifestation tout à fait courante, provoquée,
exprimée, travaillée et maîtrisée. Il s’agit d’interagir avec un monde
intérieur, un espace psychique amplifié afin d’avoir accès à d’autres
réalités.
C’est dans ces autres réalités
que les humains vont trouver et rencontrer des forces, des ontologies avec
lesquelles ils pourront négocier leur condition humaine dans la réalité
physique. Pour ces indiens, ce ne sont pas des hallucinations, c’est à dire une
transformation délirante de la réalité, mais plutôt des « visions » ou des
rêves lucides qui font office de référents et de « vrai réalité ». Tout un
système d’apprentissage est mis en place pour les apprivoiser, les interpréter
et les utiliser. Pour bien appréhender ce système, il est nécessaire d’en
comprendre l’univers chamanique et de connaître comment ce peuple intègre
différentes dimensions du réel.
Depuis la naissance, voire depuis
la vie intra-utérine jusqu’à leur mort, les Shipibo sont en contact avec le
monde végétal et sont amenés à absorber des plantes pour différents usages et
surtout pour la médecine. Selon une classification ethnobotanique qui leur est
propre, ils accordent de l’importance aux plantes de pouvoir, des végétaux
auxquels on impute un fort effet curatif et dont les grands arbres de la forêt
sont le paradigme. On les appelle aussi « plantes maîtresses ». Elles ont deux
aspects : un caractère physique, c’est-à-dire le corps de la plante, et un
caractère spirituel multiple, c’est-à-dire une intériorité, un esprit générique
appelé la « mère » d’une espèce de plante en particulier. Avec le corps de la
plante, ils élaborent des remèdes de toute sorte, en utilisant tant les racines
que l’écorce, les feuilles ou les tiges. Les préparations suivent des procédés
tels que la macération, la décoction, l’infusion, la réduction en poudre après
séchage… et les usages peuvent se faire en emplâtre, en boisson, en bain, bain
de vapeur ou en fumée. Ces manipulations seront tout spécialement l’apanage des
herboristes plus que des « curanderos », les guérisseurs locaux ou « chamanes »
comme on les appelle en Occident. Ces derniers établissent un contact privilégié
avec les esprits des plantes de pouvoir.
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