samedi 23 août 2014

Peuple guérisseur en Amazonie



Le peuple Shipibo-konibo d’Amazonie péruvienne est réputé pour ses pratiques de guérison chamanique puissantes et le magnifique artisanat élaboré par ses femmes. Il compte environ 45000 personnes établies dans des villages le long du fleuve Ucayali et de ses affluents ainsi que dans la ville de Yarinacocha. Traditionnellement, elles vivent de la pêche, de l’horticulture et aussi du commerce du bois comme journaliers. Pour eux, le phénomène visionnaire ou onirique est une manifestation tout à fait courante, provoquée, exprimée, travaillée et maîtrisée. Il s’agit d’interagir avec un monde intérieur, un espace psychique amplifié afin d’avoir accès à d’autres réalités. 

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C’est dans ces autres réalités que les humains vont trouver et rencontrer des forces, des ontologies avec lesquelles ils pourront négocier leur condition humaine dans la réalité physique. Pour ces indiens, ce ne sont pas des hallucinations, c’est à dire une transformation délirante de la réalité, mais plutôt des « visions » ou des rêves lucides qui font office de référents et de « vrai réalité ». Tout un système d’apprentissage est mis en place pour les apprivoiser, les interpréter et les utiliser. Pour bien appréhender ce système, il est nécessaire d’en comprendre l’univers chamanique et de connaître comment ce peuple intègre différentes dimensions du réel. 

Depuis la naissance, voire depuis la vie intra-utérine jusqu’à leur mort, les Shipibo sont en contact avec le monde végétal et sont amenés à absorber des plantes pour différents usages et surtout pour la médecine. Selon une classification ethnobotanique qui leur est propre, ils accordent de l’importance aux plantes de pouvoir, des végétaux auxquels on impute un fort effet curatif et dont les grands arbres de la forêt sont le paradigme. On les appelle aussi « plantes maîtresses ». Elles ont deux aspects : un caractère physique, c’est-à-dire le corps de la plante, et un caractère spirituel multiple, c’est-à-dire une intériorité, un esprit générique appelé la « mère » d’une espèce de plante en particulier. Avec le corps de la plante, ils élaborent des remèdes de toute sorte, en utilisant tant les racines que l’écorce, les feuilles ou les tiges. Les préparations suivent des procédés tels que la macération, la décoction, l’infusion, la réduction en poudre après séchage… et les usages peuvent se faire en emplâtre, en boisson, en bain, bain de vapeur ou en fumée. Ces manipulations seront tout spécialement l’apanage des herboristes plus que des « curanderos », les guérisseurs locaux ou « chamanes » comme on les appelle en Occident. Ces derniers établissent un contact privilégié avec les esprits des plantes de pouvoir. 



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