Avant d’être vécue comme une difficulté, la dépendance constitue en
premier lieu une phase physiologique normale du développement de l’être
humain. L’œuf nouvellement fécondé, l’embryon, puis le petit enfant ne
pourraient survivre si l’extérieur ne lui prêtait des moyens matériels,
alimentaires et affectifs. Nous utilisons ces aides pour nous constituer.
La dépendance est donc au départ une nécessité et une bonne chose.
L’extérieur pallie notre absence de moyens. Nous sommes donc au départ,
dépendants, par la force des choses !
Le chemin de notre vie sera longtemps un chemin d’autonomie.
C’est-à-dire un chemin pour apprendre à trouver en nous ce qui au départ nous
venait de l’extérieur. Passer d’une dépendance nécessaire à une autonomie
voulue et gagnée sur la vie : l’histoire fait fondamentalement partie de notre
chemin d’apprentissage.
Tout au long de ce chemin vont se présenter de nombreux écueils parmi
lesquels nous trouvons les drogues. Elles sont le plus souvent des substituts
ou des déplacements à des dépendances non résolues.
En explorant le chemin de nos dépendances, nous visiterons les phases
mal ou incomplètement vécues de notre existence. Quitter nos dépendances, c’est
se libérer pour trouver pleinement le sens et les moyens de notre vie.
Commençons par revisiter notre histoire afin d’y découvrir de nombreux
mécanismes intimes des dépendances.
Cannabis : le grand choix
Entré dans l’utérus, l’œuf fécondé vient de parcourir tout le chemin à l’intérieur de la trompe. Pendant tout ce temps, il a vécu sur ses réserves originelles. Mais le voilà au bout : il doit soit accepter l’implantation, soit mourir. Une fois dans l’utérus, il sera nourri. Nous devons aussi garder en nous la mémoire de ce dilemme. Sans cela nous n’existerions pas !
Si nous sommes là, c’est peut-être bien parce que nous l’avons
décidé. La moitié des œufs arrivés dans l’utérus ne s’implantent pas, cela
veut peut-être dire que les autres ont fait ce choix. Au stade des questions
sur la responsabilité et la dépendance, voilà sûrement une question importante
à se poser.
La fécondation s’est faite de haute lutte et c’est entre de très
nombreux spermatozoïdes que nous avons dû gagner pour être là. Pour y arriver,
il nous a fallu être particulièrement décidé.
Coluche, ce sage, le disait avec tant d’humour et une si grande profondeur : « si un jour tu es déprimé, souviens-toi qu’un jour aussi tu as été le premier de 500 millions de spermatozoïdes » (il y a normalement 500 millions de spermatozoïdes en moyenne par éjaculation). Et seulement une fécondation sur quatre donnera un enfant.
Coluche, ce sage, le disait avec tant d’humour et une si grande profondeur : « si un jour tu es déprimé, souviens-toi qu’un jour aussi tu as été le premier de 500 millions de spermatozoïdes » (il y a normalement 500 millions de spermatozoïdes en moyenne par éjaculation). Et seulement une fécondation sur quatre donnera un enfant.
Une question est alors posée :
suis-je ici dépendant des décisions des autres, ou ai-je eu l’occasion de
décider ? Faites vos comptes : il faut 4 lots de 500
millions de spermatozoïdes pour faire un enfant. Soit 1 seul sur 2 milliards…
si cela n’est pas un choix…
Au moment donc de l’implantation, l’œuf s’approche et la paroi de
l’utérus lui envoie une molécule de la famille du cannabis : l’anandamine.
C’est donc l’utérus qui fait sa cour à l’œuf pour lui donner envie de venir. En
fait, l’œuf s’implante par une demande acceptée.
Puis, et c’est très important, l’anandamine et ses récepteurs
disparaissent. Ce message reste donc totalement secret, sans aucune mémoire si
ce n’est cellulaire, de ce qui s’est conclu « à l’oreille » entre mère et
enfant. Ce sera un des grands contrats secrets de notre vie. Et vous, à votre avis,
que vous a-t-on dit pour que vous vous implantiez ?
Le cannabis, cette drogue génératrice des plus habituelles dépendances
de l’adolescent, nous renverra à la phase d’implantation. « Je n’ai pas demandé
à naître » disent les adolescents, pour tenter d’éloigner d’eux la souffrance
et la responsabilité de leur vie qui n’est pas toujours telle qu’ils l’ont
espérée.
Le sucre
Première et éternelle consolation. Symbole de toutes les dépendances.
C’est aussi l’archétype de la dépendance alimentaire et/ou affective.
Dès son implantation, l’œuf « tombe » dans la paroi de l’utérus dont les
cellules superficielles (dites déciduales) sont remplies à exploser de
glycogène. Le glycogène, c’est du sucre sous forme stockée. C’est comme si
notre œuf atterrissait dans un dépôt de sucre.
Ce sucre va donner de l’énergie à l’œuf à bout de réserve. Mais il va
aussi coder profondément le fonctionnement de l’embryon, futur être humain.
Nous venons de voir qu’au départ, la vie est marquée par une promesse au
cannabis, elle est suivie d’une abondance de sucre. Ces deux dépendances,
cannabis et sucre, resteront longtemps intimement liées. Elles pourront même
faire le lit l’une de l’autre.
Nourri au départ par le sucre de la couche déciduale, l’embryon le sera ensuite par le cordon ombilical pour tous ses besoins, avant que le sein ne prenne le relais.
Une grande partie du chemin de l’être humain consistera de passer d’une
nutrition extérieure où tout lui est donné et dont il est complètement
dépendant, à une situation où il sera capable d’être alimentairement et
psychologiquement autonome. Capable de se passer d’aliments de façon prolongée,
de stocker et déstocker selon ses besoins.
Les attitudes physiologiques alimentaires et psychologiques seront
souvent très parallèles. Nous pourrons longtemps juger de l’indépendance
psychologique sur la base du besoin de sucre ou d’autres aliments. Avec les
années, les apports alimentaires vont se diversifier et la dépendance vitale et
unique au sucre va se moduler en de nombreux aliments dont chacun évoquera un
besoin spécifique et une dépendance possible. Pensons au chocolat, dépendance
au sentiment d’être amoureux, ou à l’alcool, qui traduit notre difficulté à
accéder à notre propre vérité.
D’une façon générale, chaque problématique de dépendance non résolue
pourra se compenser par un élément extérieur qui se comportera alors comme une
drogue. Le sucré évoque la dépendance affective, l’assistance extérieure et la
dépendance permanente de l’autre.
Toutes les traditions religieuses ont compris que pour inciter à la
méditation et au développement spirituel, il est souhaitable d’apprendre
l’autonomie alimentaire. Ce sont les principes du jeûne, du carême et du
ramadan, mais aussi l’ascèse du bouddhisme et la recherche de la voie du
milieu.
Lire la suite ici : http://lydiouze.blogspot.fr/2014/08/le-sens-cache-des-dependances-par.html
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