Les particularités de chacun, d’abord
attirantes, sont aussi à la source de nombreux conflits. Si accepter les
différences n’est pas toujours facile, cela reste nécessaire pour enrichir la
relation.
Anne-Laure
Gannac
Pourquoi c’est difficile
« Les différences qui séparent les
partenaires sont à l’origine même de leur histoire, remarque la psychanalyste
Sophie Cadalen. Ce sont elles qui nous invitent à aller vers l’autre, qui nous
le rend attirant, parce qu’unique. » Ne dit-on pas « Je l’aime parce qu’il [elle]
n’est pas comme les autres » ? Sauf que, passés les premiers temps,
enthousiastes, de cette découverte, les différences se retournent en
contraires, et ces particularités qui attiraient peuvent devenir
insupportables. Pourquoi ? Parce que, selon Sophie Cadalen, « se disant que
l’on veut construire quelque chose de solide avec l’autre, on pense que cela ne
sera possible qu’en se mettant d’accord sur tout ».
La difficulté à se détacher de l’image parentale
« Cherchant, plus ou moins
consciemment, à trouver en son partenaire le double de son parent (ou son
parfait contraire, ce qui revient au même), on ne peut qu’être déçu quand on se
rend compte qu’il n’en est qu’un pis-aller », explique le psychanalyste Samuel
Lepastier. A cette image parentale s’ajoute celle du partenaire idéal, que
chacun porte, parfois à son insu, en lui : « Voir les différences de l’autre,
c’est reconnaître qu’il n’est pas conforme au prince charmant que l’on
imaginait. » Conséquence : le désenchantement, vécu comme la fin de l’amour.
Pourquoi c’est important
« C’est quand chaque partenaire
reconnaît ce qui fait la spécificité de l’autre que naît l’amour : on peut
alors l’aimer pour ce qu’il est réellement », souligne Samuel Lepastier. C’est
ce que les spécialistes appellent l’« amour mature ». Renonçant à former le
couple idéal ou fantasmé, les partenaires sont alors prêts à faire de leur
couple une création unique, et ce justement grâce à l’apport spécifique –
différent – de chacun dans la relation. « C’est du heurt des contraires que jaillit
la flamme de la vie », assurait Jung.
Accepter les différences de l’autre…
… c’est aussi respecter le besoin
d’autonomie de chacun. Un fait indispensable pour échapper aux sensations
d’étouffement que la vie à deux peut générer. Ainsi, Florence, 35 ans, raconte
qu’au début de sa relation avec Sébastien, elle avait du mal à supporter sa
passion pour le rugby. « Il consacrait tous ses samedis à ses entraînements… Je
ne comprenais pas ; pour moi, c’était comme s’il cherchait à me fuir chaque
week-end ! » Jusqu’au jour où elle l’a rejoint au stade : « Quand j’ai vu comme
il s’éclatait avec ses copains, et comme il était gêné de me voir là, même s’il
n’a pas osé me le dire, j’ai compris que j’étais de trop : c’était “son moment
à lui”, pas celui de notre couple. » Depuis, Florence s’est inscrite dans un
cours de théâtre, où elle vit, chaque samedi, « [sa] passion à [elle] », bien
éloignée des préoccupations de Sébastien.
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