dimanche 3 avril 2016

Yves, le faiseur de rêves




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Le sang des poètes coulait dans ses veines. Non pas un liquide mièvre et douceâtre permettant de flotter au dessus des réalités, mais un sang fougueux, plein de vie, de désirs de jouissances, de créer, de transformer, de s’exprimer, un sang neuf et ardent qui désirait un monde nouveau quitte à tout bouleverser.

En son âme, il était un peu poète, vagabond et révolutionnaire. Son regard volait au-delà des mièvreries du quotidien. Dans tout homme des barricades, dans tout Gavroche se cache un poète, un Victor Hugo, un Baudelaire, un Musset, un Molière, un Fabre d’églantine. Sa nature ardente était à la fois sa Muse et son ennemie mortelle, sa Morgane des profondeurs, celle qui par sa passion pouvait le mener à sa perte.

Comment un poète peut-il encore vivre de nos jours, dans un monde aseptisé, bétonné, goudronné, compartimenté, divisé, rationalisé, stérilisé, pasteurisé, endimanché, conditionné, manipulé Comment peut- il encore laisser sa Muse exprimer ses ressentis et émotions face à un mur de béton ou à une bouche de métro puante et grouillante d’humanoïdes gris à l’extérieur comme à l’intérieur.

Un poète ne peut se contenter de vivoter, d’accomplir chaque jour à la même heure des actes mécaniques et robotisés, d’obéir à des lois et horaires contraignantes et à des habitudes sclérosantes.
Yves était son prénom – son nom il ne s’en souvenait même pas- il l’avait oublié. Il avait tout simplement envie de « vivre et de laisser vivre », de sucer la moelle de la vie à chaque instant comme un gourmet qu’il était. Vivre ce n’est pas que penser c’est aussi agir et cela il le savait.

 

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