La crémation consiste à disposer du corps d’un
défunt par incinération. La plus ancienne crémation connue, résultat de
fouilles archéologiques, semble être celle, vieille de plus de 22 000 ans, de
la femme de Mungo, en Australie. À l’inverse, les plus anciennes
sépultures attestées avec certitude, localisées au Proche-Orient, datent du
Paléolithique moyen (de 275 000 à 35 000 avant le Christ). Le traitement
des morts gagne en complexité au Mésolithique (de 10 000 à 6 500 en
Europe). À côté des inhumations individuelles ou simultanées apparaissent
plusieurs nouveautés : les crémations, attestées dès 9000 av. J.-C., et
les sépultures collectives. La crémation apparaît en Asie dès le IVe
millénaire av. J.-C. Quant aux Grecs, ils n’ont commencé à pratiquer la
crémation que vers le XIIe siècle de notre ère. Dans la Rome antique, la
crémation disparaît avec la généralisation de la pratique de l’inhumation
chez les empereurs romains qui se réalise à partir de celle d’Antonin le Pieux,
au IIe siècle, puis elle s’est diffusée dans les autres couches de la
société. Au Moyen Âge, dans l’Occident chrétien, l’inhumation est devenue
usuelle, bien qu’on n’ait pas tardé à recommander la crémation en cas
d’épidémie. Du reste, chez les Saxons, la crémation est déjà une pratique
courante. Au Japon, la crémation est la tradition la plus répandue tandis
que, en Chine, elle est obligatoire en raison du manque d’espace.
Traditionnellement, la crémation est interdite
par le Judaïsme, comme par la religion musulmane. En Orient, la crémation
a été institutionnalisée par le Bouddhisme et l’Hindouisme. En Inde,
la première crémation connue date de 1 900 av. J.-C. Dans ce pays, la
pratique hindoue de la crémation des veuves sur le bûcher funéraire de leur
mari est attestée depuis le IVe siècle av. J.-C. par les témoignages des
historiographes d’Alexandre le Grand.
L’Église catholique romaine tolère la crémation
depuis le décret «De cadaverum crematione» du 5 juillet
1963 et la publication du Saint-Office «Instructio de cadaverum
crematione», parue le 24 octobre 1964, mais elle la déconseille. Du
reste, ce décret précise que «l’incinération du corps ne touche pas à l’âme
et n’empêche pas la toute puissance de Dieu de rétablir le corps, de même elle
ne contient pas en soi une négation objective de ces dogmes», aussi
l’Église «n’est pas opposée et ne s’oppose pas à l’incinération», mais elle «a
toujours voulu encourager la pieuse et constante coutume d’ensevelir les corps
des fidèles», concluant que «l’esprit de l’Église est étranger à la
crémation». C’est un principe qui fait bien l’affaire des
intégristes chrétiens qui estiment l’acte de crémation comme «gravement
peccamineux, comparable au péché public, à l’apostasie, à l’excommunication et
au suicide ».
Pour sa part, l’Église orthodoxe condamne la
crémation volontaire pour plusieurs raisons. En effet, elle considère que
ce rite est étranger à la tradition de l’Église; que l’insistance sur
l’enterrement est fondée sur le respect du corps humain comme œuvre de Dieu, à
quoi s’oppose la violence de la crémation et le traitement subi par le
corps ; que certaines motivations de la crémation comme le mépris du
corps, la volonté d’effacer la mémoire du défunt, la destruction totale d’une
personne, sont considérées comme incompatibles avec la foi chrétienne.
Ce rite très commun en Orient, symbole de la mort
par le feu, fut longtemps considéré comme impie et sacrilège par l’Église
catholique, sous prétexte que le corps de Jésus n’avait pas reçu ce
traitement. Encore de nos jours, la pratique n’est que tolérée, à savoir
que l’Église ne s’y oppose pas par manque de références théologiques.
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