Développant
sans cesse la communication virtuelle, nous nous sommes coupés de l’expérience
sensorielle de la nature. Celle-ci a pourtant tellement à nous apprendre.
Instinctivement,
l’être humain accorde à la nature une place privilégiée. On a retrouvé des
jouets en forme d’animaux datant de l’Antiquité. Nos enfants grandissent
l’imaginaire peuplé de héros animaliers : le pingouin d’Happy Feet en
quête de destinée, Nemo le poisson-clown, Kung-Fu Panda, sans parler des
indémodables Rox et Rouky, Bambi, Flipper et autres Willy, Lassie… Une nature
virtuelle mais omniprésente. Quant à la nature réelle, nombre de parents ont pu
constater combien leur progéniture semble s’épanouir au contact du monde
végétal et animal. Il ne s’agit pas seulement de salutaires bols d’air. Il y a
comme un échange à un niveau subtil, une atmosphère de retrouvailles entre deux
amis trop longtemps séparés.
Et en
effet, nous sommes pour beaucoup complètement séparés de la nature. Nous
tentons de nous en rapprocher en fréquentant les rayons bio des supermarchés.
Le week-end, nous rejoignons parfois un coin de campagne – « en voiture
le plus souvent », souligne non sans ironie le biologiste Rupert Sheldrake.
Pour lui, la séparation remonte à Descartes, pour qui l’esprit était l’apanage
de l’homme, de Dieu et des anges, tandis que la nature, les animaux, le corps
humain, étaient ravalés au rang de matière sans âme. Aujourd’hui, ce n’est plus
notre nature divine qui justifie notre complexe de supériorité sur le reste du
monde vivant, et notre utilisation abusive des ressources de la terre : c’est
la science. Ou du moins une vision matérialiste qui nous parle d’un monde
objectif que des chercheurs tout-puissants, surhommes au- dessus des passions
humaines, observent au microscope et autopsient au scalpel. Et pourtant, voilà
que la science elle-même est en train de démolir cette conception : nous ne
saurions nous abstraire de ce que nous observons. Tant de témoignages et de
découvertes nous incitent aujourd’hui à repenser notre rapport au vivant, à
nous inclure de nouveau dans ce vaste règne. Nous avons beaucoup à partager
avec les non-humains. « Le cerveau émotionnel des animaux est très
proche du nôtre », nous apprend Temple Grandin. Cette autiste qui pense en
images et non en langage a développé sa compréhension des animaux en se mettant
physiquement et mentalement à leur place. Lorsqu’elle était adolescente,
souffrant de terribles problèmes de communication, elle a été rejetée par les
humains. Ce sont les chevaux, mais aussi les vaches, qui lui ont permis de
dépasser ce handicap. Se rapprocher d’eux lui a permis de prendre contact avec
sa nature humaine, puis avec les autres êtres humains. « Plus je
connais les hommes, plus j’aime mon chien », disait Pierre Desproges. Pour
Temple Grandin, ce fut le contraire. Toutefois, elle ne parle pas de
communication, au contraire de Laila del Monte, communicatrice animale qui
affirme qu’un véritable échange en images est possible entre l’être humain et
l’animal. Fermiers et simples propriétaires peuvent souvent témoigner de
phénomènes de télépathie entre eux et l’animal.
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