par Arouna Lipschitz
Afin d’évaluer notre rapport à l’élément terre, tentons
de voir combien nous sommes heureux d’être incarnés ou combien nous sommes
prisonniers de la nostalgie d’un paradis perdu. »On ne peut se
libérer de sa tristesse que si on aime cette terre d’une passion
inébranlable », a dit Don Juan à Castaneda.
Une fondamentale
tristesse est ancrée dans le traumatisme de la séparation. Séparation du corps
de la mère pour les psy., du corps de Dieu ou des étoiles pour les
spiritualistes. La nostalgie qui en découle nourrit, dans tous les cas, un
idéal de fusion, d’élévation visant à transcender « la vallée des
larmes » que représente, pour de nombreuses traditions, notre passage sur
terre. Comme si évoluer ne consistait qu’à fuir le monde et la dualité
intrinsèque à la condition humaine. Et s’il fallait aujourd’hui involuer en
même temps qu’évoluer ? C’est ce défi que lança un maître de sagesse
occidental au swami en robe orange - femme prêtre dans la tradition hindoue –
que j’étais devenue. Je n’aspirais alors qu’à transcender la souffrance, la
déception, la frustration et autres effets incontournables de l’incarnation, en
marchant vers les sommets nirvaniques et leur mystique sérénité (voir encadré).
Comment tendre vers le ciel sans mépriser la terre, s’ouvrir au divin sans
renoncer à son humanité ? En honorant la terre. C’est ce que nous rappelle
la tradition chamanique, véritable gardienne d’une spiritualité, qui n’oublie
pas que les racines célestes de l’Arbre de Vie que nous sommes ne peuvent se
manifester, se concrétiser, sans une solide prise de terre.
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