mercredi 8 août 2018

La réincarnation … pourquoi on a envie d’y croire


Les âmes traversent-elles les siècles ?

Nous sommes de plus en plus nombreux à le penser. Fantasme ou réalité, une chose est sûre : la perspective d’avoir vécu une existence précédente nous fait du bien, au point d’être parfois utilisée en thérapie.

Dans son nouveau livre, Lorsque j’étais quelqu’un d’autre, le journaliste Stéphane Allix émet l’hypothèse qu’il aurait vécu une vie antérieure dans la peau d’un soldat nazi, et enquête sur l’histoire de cet « autre moi ». Cette expérience, qui l’a bouleversé et transformé, est loin d’être unique. 

Beaucoup d’entre nous ont également l’impression que leur passage sur terre n’est pas le premier.
« La réincarnation est une évidence qui s’impose à moi en certains lieux, en particulier à la montagne, affirme Carole, 37 ans, chargée de communication. Des images aussi fortes que des souvenirs réels me traversent, je me visualise gardienne de chèvres, je me sens connectée à cette nature comme s’il s’agissait de mon cadre habituel, alors qu’il n’en est rien. » Pascal, 59 ans, comptable, y croit depuis ses 10 ans : « J’ai eu un petit frère décédé à la naissance. 

Un autre garçon est né dix-huit mois plus tard, et mon père, jusque-là chrétien pratiquant, a déclaré que cet enfant était la réincarnation du petit mort. J’ai intégré cette idée. » Lors de sa seconde grossesse, Christelle, 50 ans, monitrice d’équitation, a ressenti que son fils était une âme amicale connue autrefois. « C’était un sentiment de retrouvailles apaisant et heureux. Je précise que je suis issue d’une famille athée et que le mysticisme ne m’attire pas du tout. »

Pour échapper au néant.

Sophia, documentaliste de 42 ans, hésite entre doute et certitude : « C’est une croyance qui va et vient, en pointillé. J’aime l’idée, car rien ne me semble plus atroce que le spectre du néant, d’une disparition totale. Mais dès que je commence à réfléchir sur ses conditions de possibilité, c’est une autre affaire. Comment notre personnalité, notre moi, qui résulte de notre histoire personnelle, de celle de nos parents, de nos ancêtres, pourrait-elle se promener de siècle en siècle ? De quoi cette entité nommée “âme” est-elle faite ? Comment la conscience voyagerait-elle sans enveloppe charnelle pour l’abriter ? »

Selon l’anthropologue belge Robert Deliège, spécialiste de l’Inde et auteur des Castes en Inde aujourd’hui (PUF), la réincarnation n’est, pour beaucoup d’Indiens, qu’une métaphore, une image servant à comprendre les mystères de la vie, de l’être, et non une réalité. Et certains raillent même ouvertement cette croyance. En revanche, les sondages effectués en Europe et aux États-Unis indiquent qu’elle séduit actuellement près de 20 % des Occidentaux.

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