lundi 27 août 2018

L’Éveil n’est pas un aboutissement, c’est le début d’une nouvelle vie


Ce n’est qu’un début, une première étape. Malgré son caractère unique et bouleversant, un nouvel horizon reste à découvrir après cette expérience merveilleuse et rare.

Il y a tant à dire sur l’Illumination et tant de choses ont déjà été dites. Pour moi cette expérience a été une mort, mais surtout une renaissance: le jeune homme, le fils, simple prolongement de ses parents, n’était plus, le citoyen modèle disparut lui aussi à jamais pour laisser place à un nouvel être en devenir, une énigme non référencée.

Faire l’expérience du Tout, de la transcendance est un début, la porte d’entrée vers une nouvelle incarnation plus réelle, plus pertinente, fondamentalement transformatrice, en accord avec la Conscience universelle. J’appelle cela la “mutation en continu”: notre énergie personnelle subtile s’active, nous livre constamment ces merveilleuses intentions et oriente à chaque pas notre quotidien.
Après l’Eveil, on n’est plus jamais seul.

Je vous livre ici mon expérience, un extrait de “L’Eveilleur, le tonnerre”, livre que je j’ai coécrit avec Iori en 2008. Cela se passait fin des années 80…

Ganji 

“Entre bouddhistes, nous avions coutume de nous encourager en nous réunissant pour la pratique matinale. J’étais à l’époque étudiant aux Arts Appliqués de Paris mais mon nouvel emploi du temps ne me faisait pas peur. 

Déterminé, je ne laissais pas ma volonté plier devant mon réveil, qui s’enclenchait pourtant chaque jour trop tôt. Dés six heures et demie, je m’arrachais péniblement de mon lit chaud, parcourais la ville à pied et m’efforçais de me concentrer durant une heure et demie sur quelques lignes de calligraphie, inscrites sur un parchemin étrange. 

Vint enfin le matin où mon enthousiasme, ma curiosité et mon absolue détermination furent couronnés par la manifestation du Sublime.

Au bout d’une heure de méditation, une soudaine et furieuse énergie lumineuse jaillit de mon bas ventre, traversa ma poitrine en bousculant complètement au passage mes viscères, pour atteindre sa cible : le sommet de mon crâne. En cet instant, je fus littéralement ébloui. 

Mon égo s’évanouit et je me fondis dans le Grand Tout. Un silence intérieur chaud et épais remplaça l’éternel petit moi égocentrique, anxieux et bavard. Je ne faisais plus qu’un avec l’univers, je goûtais à l’infini et un sentiment bienheureux m’enveloppait. Oui, l’infini existait, ce n’étais plus une simple théorie. Toute beauté avait pris corps en moi. 

Le « doute », trait caractéristique du mental, avait totalement disparu. Il n’avait plus lieu d’être. Tout était dit, le Tout se présentait à moi. J’étais cela et rien d’autre, j’étais la substance même de l’univers. Je ne me noyais pas car j’appris à nager dans le Sublime en une fraction de seconde.

Tout questionnement ou pensée inquiétante s’étaient volatilisés, je respirais l’Infini et l’Eternel. Bien entendu, cette expérience marquerait ma vie à jamais et bouleverserait en profondeur mes attitudes et choix à venir. 

Au sortir de cette fabuleuse expérience, c’est en vain que je me suis évertué à faire comprendre à mes compagnons de pratique ce qui m’était arrivé. Je perdais mon temps en d’inutiles descriptions, j’essayais tant bien que mal de prouver qu’un monde d’une incommensurable beauté existait bel et bien en nous et non en dehors. 

Tout ce qui s’était écrit dans les livres auparavant par les grands éveillés de ce monde n’était pas de la simple théorie : nous étions réellement tous potentiellement des Bouddhas !

A mon grand regret, personne ne se sentit concerné, pas même les autres pratiquants bouddhistes. Ne parlons pas de mes amis ou de mes parents… Je ne rencontrais qu’indifférence ou mépris. Aux yeux de mon entourage, j’étais un divagateur, un imbécile-heureux qui perdait son temps, un mythomane qui se prenait pour le Christ ou la réincarnation de Bouddha. 

J’enrageais de voir combien les gens se satisfaisaient d’une vie limitée, nourrie d’ignorance et de médiocrité. Certains devaient me trouver bien présomptueux et arrogant. Pour eux les vérités couchées sur papier ou dictées par les médias étaient bien plus réelles et convaincantes. 

Ce respect aveugle pour les autorités « homologuées », acceptées par le plus grand nombre et reconnues d’intérêt public, me révulsait.

Aucun commentaire: