jeudi 10 janvier 2013

Le pouvoir de changer

Par Virginie Gomez - http://www.inrees.com/
Bien souvent, nous croyons que notre état cérébral commande nos émotions, nos comportements, nos pensées. Mais la recherche démontre que l’esprit peut modifier notre cerveau.

© Harting Kopp-Delaney
Alors qu’il visitait un hôpital aux Etats-Unis, le Dalaï Lama assista à une opération du cerveau. Sharon Begley relate qu’à l’issue de l’intervention, Sa Sainteté s’entretint avec le chirurgien. Ce dernier lui expliqua que « la perception, les sensations, et autres expériences subjectives, sont le reflet des altérations chimiques et électriques dans le cerveau. Si des impulsions électriques sillonnent notre cortex visuel et des substances neurochimiques circulent dans le système limbique alors une sensation jaillit en nous – parfois en rapport à un événement du monde extérieur, parfois consécutive à une pensée générée uniquement par l’esprit ». Le chirurgien voulait signifier que l’esprit était le résultat d’une activité purement cérébrale. Le Dalaï Lama, amusé de son assurance, l’interrogea sur la possibilité d’une causalité à double sens : « Si le cerveau est source de pensées, émotions, et autres manifestations cognitives constituant ce phénomène que l’on nomme esprit, ne serait-il pas possible que l’esprit à son tour produise sur le cerveau des altérations physiques, dans la substance même dont il est censé émaner ? » Le chirurgien écarta d’emblée cette hypothèse.
 
Quelles sont les implications de ce modèle défendu par le chirurgien ? Lorsque vous décidez de vous lever le matin, cette intention se traduit dans le cerveau par une configuration particulière, un circuit spécifique, issu d’un état cérébral antérieur. Cette configuration influe sur un autre aspect du cerveau, par l’entremise de phénomènes électriques ou chimiques : vous activez vos jambes et sortez du lit. L’intention ne joue qu’un rôle mineur ; « c’est la manifestation physique de cette intention, l’ensemble des signaux électriques circulant dans le cerveau, qui fait sortir le corps du lit » note Sharon Begley. Le cerveau se suffit à lui-même, l’homme est réductible à son corps, et joue des fluctuations de ses états cérébraux.

Mais cette proposition héritée du XVIIe siècle commença à être remise en question au XXe par des scientifiques et des philosophes qui en constatèrent les insuffisances. En effet, dès la fin des années 80, des études pionnières montrèrent que quelque chose appelée « l’esprit » pouvait modifier le cerveau. Grâce à des pratiques méditatives dites de pleine conscience, qui consistent à observer ses expériences intérieures d’une manière pleinement lucide, des patients parvinrent ainsi à contrôler les pensées obsessives à l’origine des troubles obsessionnels compulsifs. Ce n’était qu’un début.
 

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