La Comédie humaine se poursuit jusque dans les
plus grands drames. Au cours des derniers mois, on a pu le constater au
moins à deux reprises, au Québec : d’abord lors du déraillement et de
l’explosion d’un train en plein centre-ville de Lac-Mégantic et, ensuite, lors
de l’incendie d’un centre d’hébergement pour personnes âgées, à l’Île
Verte. Ainsi, pendant que des êtres dévoués et compatissants se
démenaient, dans la simplicité et l’anonymat, pour soulager les misères des
sinistrés de ces deux localités, on voyait d’autres citoyens, bouffis d’ego et
de prétention, courir les caméras des journalistes, nombreux dans la ville,
pour assurer la couverture de cet événement sans précédent, afin de s’exhiber,
se faire voir, certains osant s’emparer des micros pour faire valoir leurs
droits présumés à la vindicte, les medias cédant au jeu pour amplifier un
certain pathos. Une telle manière d’agir est assez coutumière dans les
milieux politiques, policiers et artistiques, des gens qui, par amour du
pouvoir ou en quête d’amour, aiment faire étalage de leur puissance et de leurs
exploits, de sorte qu’elle n’étonne plus. Mais, de la part de citoyens
ordinaires, à part chez les jeunes, on éprouve toujours un petit pincement
quelque part lorsqu’on constate un manque de modestie ou de discrétion.
Il ne s’agit pas d’un reproche particulier aux
gens de ces petites municipalités, il se produit toujours le même phénomène dès
que les stations de télévision couvent pour quelques jours un événement public
d’envergure. Même que cela se produit assez régulièrement dès qu’un
journaliste couvre un événement à l’extérieur des studios. Du
reste, dans le cas particulier qui nous occupe, il n’y a pas que les gens du
lieu qui se sont prêtés à ce petit jeu du paon puisque des vacanciers,
temporairement déguisés en touristes, apparemment émus, ont afflué sur place
pour partager, à l’écran, leur sympathie et faire l’étalage de leur
générosité. Un être qui se complaît dans sa générosité, au point de la
nommer de lui-même et de la décrire, ne provient jamais de bien profond, d’où
elle sert difficilement sa fin d’exprimer une véritable solidarité humaine.
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