En principe, dans le langage commun, la
spiritualité s’oppose à la matérialité, soit au domaine de la densité, de la
sensualité et à la dualité. Pourtant, en évitant de confondre
spiritualité et mysticisme, notre Maître, Janakanandâ, nous invitait toujours à
concevoir la vie comme entièrement naturelle ou spirituelle, mais à cesser de
diviser les réalités cosmiques en Esprit et en matière. En fait, tout est
Esprit, même la matière qui, par un effet d’éloignement apparent de la Source
suprême, devient de l’Esprit densifié ou cristallisé. Effectivement, un
être gagne à devenir une entité qui fonctionne normalement sur tous les plans
de la Conscience infinie, évitant d’induire une séparation entre le spirituel
et le matériel. Se mettre au service de la matière amène à se densifier à
outrance, ce qui représente une fuite vers le bas, tandis que le fait de se
mettre au service de l’Esprit, amène à se raréfier à l’extrême, ce qui
représente une fuite vers le haut. Or, pour l’être humain, fait de chair
et d’Esprit, toute fuite de la réalité produit un déphasage et un déséquilibre
qui tire hors de l’Ordre divin et rompt l’harmonie. Ainsi, la
spiritualité invite simplement à élever la perspective de l’existence, à la
situer dans celle de son But ultime.
Pour l’être humain, ce qui importe, dans la vie
contingente, c’est de mettre chaque chose à sa place : garder les moyens
au service de la fin. En effet, l’Esprit est le but à atteindre, par le
retour au Royaume éternel du Père-Mère, mais cela ne peut se faire que par
l’expérience du monde terrestre, en fusionnant le Ciel et la Terre.
C’est une manière de rappeler que, pour évoluer sereinement et
harmonieusement, il suffit de mettre les moyens au service de la fin, plutôt
que l’inverse, ce qui est le cas de la majorité des êtres humains. C’est
ainsi qu’il peut apprendre à se connaître, par la découverte de ses multiples
potentialités, et s’élever progressivement dans les plans de la Conscience
divine.
Ces derniers propos représentent une invitation à
devenir conscient, soit à devenir amoureux, simple, humble, authentique,
efficace, convenable, honnête, dépourvu de toute peur et de toute culpabilité,
soit à se révéler à soi dans sa totalité, pour éviter la désincarnation qui
rend utopique, orgueilleux, rigide et fumiste.
Beaucoup de gens croient que, s’ils s’engagent sur
la Voie de la spiritualité, la Voie droite et lumineuse, ils devront renoncer
aux plaisirs terrestres. Ce choix ne pourra s’imposer à eux que
lorsqu’ils auront naturellement épuisé les expériences nécessaires pour dominer
les divers plans inférieurs de la Conscience cosmique. En fait, alors, il
ne s’agira plus d’un choix, mais d’une réalité qui s’impose d’elle-même
sans susciter de chagrin, de regrets ou de remords. Autrement dit, la
transition d’un état à un autre se produira spontanément, s’imposant, sans
réticence et sans condition, mais de toute nécessité, soit par la force des
choses.
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