La méchanceté est une maladie du psychisme qui
résulte d’un cœur fermé. Ainsi, il n’existe pas d’être fondamentalement
méchant, il n’existe qu’un être blessé qui, dans sa faiblesse et son
impuissance, a verrouillé son cœur, perdant son contact avec son âme, ce qui
l’a entraîné dans l’incapacité de témoigner de gentillesse et d’empathie.
Une telle personne rappelle simplement qu’on l’a blessée dans son passé, d’où
elle se révèle d’autant plus malveillante qu’on l’a atteint profondément parce
qu’elle se sentait démunie dans ses moyens d’agir ou de réagir. Ainsi,
elle porte en elle un traumatisme qu’elle n’a pas résolu. Pour cette
raison, afin de se protéger, par avance et prévenance, sa manière de masquer sa
vulnérabilité et d’éviter de s’ajouter des souffrances, elle projette
inconsciemment sur autrui son manque de confiance en elle, qui la rend méfiante
à l’endroit d’autrui, ce qu’elle déguise en soupçons constants et en
interprétations subjectives. Et à défaut de pouvoir accueillir les autres
avec amour, elle les soumet au crible de son intellect froid, tranchant et rigoureux
dans des interprétations et des ratiocinations sans fin.
Dans ses relations avec autrui, tout être qui entre
dans son champ d’action et qui dénote la moindre attitude ou le moindrement
comportement qui lui rappelle l’angoisse des heures douloureuses de son passé
deviendra pour elle un bouc émissaire pour ce qu’elle n’a pas réussi à
harmoniser avec les bonnes personnes, soit celles qui l’ont fait souffrir et
rétrécir dans le passé. Si l’hostilité et la cruauté deviennent son
passe-temps, c’est tout bonnement sa manière dévoyée de s’accorder du plaisir
dans sa peur de subir une attaque douloureuse. Mais c’est aussi, par
rebours, sa manière de lancer un appel à l’aide, car elle ne peut que réaliser,
plus ou moins consciemment, qu’elle se complique l’existence et l’abrège.
Surtout que, la plupart du temps, elle s’inflige elle-même la plus large partie
de sa haine d’elle-même.
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