A la naissance, séparez un caneton des siens, élevez-le en
laboratoire. Après quelques jours, projetez au-dessus de sa tête l’ombre d’un
faucon : le caneton s’aplatit, corps et bec contre terre, signe qu’il a peur.
Projetez l’ombre d’un oiseau migrateur : il n’a rien à craindre, et ne
s’aplatit pas.
A l’instar des petits palmipèdes, chaque espèce a
ses peurs, qui ont un sens en regard de sa survie. L’humain est ainsi
naturellement prédisposé à redouter le noir, le vide, le froid, l’eau, la
foudre, les animaux féroces, les regards fixes, les endroits clos… Mais qu’il
développe une peur panique des coccinelles ou qu’il redoute le regard des
autres au point de ne plus pouvoir sortir de chez lui, et l’on peut
légitimement supposer que son « trouillomètre » est déréglé.
Pendant longtemps, l’explication dominante de ces
terreurs incongrues a été celle de la psychanalyse. Freud voyait dans les
phobies ou l’anxiété chronique la marque de l’échec du refoulement de pulsions
sexuelles ou agressives inacceptables. Aujourd’hui, les comportementalistes
privilégient plutôt l’explication « biopsychosociale ».
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