Alors que j’étais en train de calculer l’âge que j’allais avoir cette
année, une partie du film de ma vie a défilé devant mes yeux. Mais pas
n’importe quelle partie. J’ai perçu des moments de joie intense, de
découverte de ma planète, ou entre amis.
Puis, des apprentissages longs et fastidieux pour devenir un être qui
s’insère bien dans sa société, avec un métier, un foyer, une assurance
maladie, des animaux de compagnie et toutes ces choses qui font que l’on
ressemble à des êtres « normaux » et presque stéréotypés.
C’est en pensant ceci que des phrases sont revenues à mon esprit :
«Vas faire tes devoirs dans ta chambre,
Je suis trop grosse et moche, je ne trouverai jamais l’amour
Que tu es bête !
Je ne suis pas digne de Te recevoir
Si tu voulais bien t’en donner la peine, tu serais…
Tu n’es pas assez grande pour ça,
C’est l’âge bête, ça te passera
Cette année, la mode c’est comme ça… »
Puis, les mots se sont modifiés en :
« Il faut se marier avant d’avoir un enfant
Si tu n’as pas un bon métier, tu finiras à la rue … ».
Mais, malgré ces discours d’adultes ou d’anciens, celui qui aurait pu me
laisser le plus de « traces » aurait été : « je ne suis pas digne de te
recevoir ». Phrase tant entendue lors de mes passages obligés à la
messe du village.
Pourquoi ne suis-je pas digne ? Qu’ai-je donc fait pour être forcée
d’inventer de pieux mensonges au confessionnal ? Pourquoi être
contrainte de m’agenouiller devant des statues, des choses inertes qui
ne me parlent pas ? Vous me direz que cela fait partie d’une cérémonie,
mais je n’arrive pas à en voir la beauté, ni ce qu’elle aurait du
générer en moi : une quiétude salvatrice, un atout puissant qui me
servirait à passer au delà des obstacles de la vie… et tant d’autres
idées.
J’ai fait le tour de plusieurs idéologies, expérimenté pas mal de
moments merveilleux, touché le fond, puis donné le fameux coup de talon
pour redécouvrir les merveilles qui m’entourent. Et c’est dans cette
splendeur que j’ai dénoué mes chaines.
Car, après un passage « obligé » dans les prémices d’une spiritualité
différente, je me suis vue parler avec les êtres de lumière, ceux que
l’on a nommé les maitres. Et, tout d’un coup, le même malaise, les mêmes
interrogations sont revenues. Je me retrouvais à adorer des géants
éblouissants, plus hauts, plus forts, plus puissants que moi. Qui
m’enseignaient une autre façon de voir l’immensité de la vie, de
reconnaître tout l’Amour qui est en moi et l’être divin que je suis
aussi. Mais le simple fait d’avoir affaire à des êtres dits supérieurs
me remontrait combien je me trouvais insignifiante. Et au risque de
m’aimer plus, on me parla de cet égo sans mesure que risquait d’attraper
tout être qui oserait se démarquer des autres pour affirmer sa propre
lumière.
C’est ainsi que tous les « Ascensionnés » ont éteint leur Lumière pour
me faire réaliser la mienne. C’est alors que je me suis laissée aller à
me balader dans ma création, puisque je cessais de tout cataloguer,
répertorier, classifier, en attribuant des grades ou des mentions
supplémentaires.
Lors de ma promenade intergalactique, je n’ai plus vu de maitres, ni de
disciples. Je n’ai pas vu d’ombre ni de lumière. Je n’ai pas contemplé
d’horreurs ni d’imperfections, mais au contraire une diversité sans fin
de beautés sans nom, vibrant à l’unisson. Plus de séparation, plus de
compartiment, plus de haut ni de bas, plus rien qui ne soit laissé au
hasard. Mais à l’inverse, un tout parfaitement orchestré, jouant avec
lui-même…
Il m’a fallut un temps certain pour assimiler tout ceci, lui trouver une
place dans mon expérience terrestre. J’ai passé des moments terribles,
ballottée entre le voyage de ma redécouverte et mon expérience
terrestre. Quelle dissonance, quelle cacophonie, quel dommage !
Encore, aujourd’hui, je ne puis donner consistance à tout ce que nous
avons créé pour jouer à l’humain, sans me rendre compte de notre part de
responsabilité à cette amnésie collective.
Bien sûr, ceux qui ont décidé de se réveiller à autre chose que la vie
de tous les jours, doivent le faire en douceur, en toute quiétude et
surtout être guidés par d’autres qui ont ouvert des routes, et parfois
des voies à grande vitesse, dans la spiritualité. Mais, lorsque vous
entendrez parler de discernement, sachez le retrouver en vous. Afin que
la part qui a soif de comprendre, ne se laisse pas endormir par
d’autres dogmes, d’autres directives, d’autres théories qui ne mènent
pas vers un chemin empli de légèreté, d’insouciance, de volupté,
d’êtreté… Il n’y a malheureusement pas de mode d’emploi fiable, ni de
ridelles pour vous éviter de passer de la section catéchisme à celle de
la spiritualité « fourre tout ». Il n’y que vous et votre cœur qui
sauront trouver le seul chemin qui ne vous musèlera pas, mais plutôt
vous élèvera vers votre réelle Beauté.
Si vous voyez écrit que vous êtes le Tout, ce sera une des réalités,
mais pas encore La réalité. Car le Tout reste quelque chose, ou
quelqu’un, alors que l’infinitude la Création EST, tout simplement …
Ainsi, tout doucement, revenez dans le temple de votre cœur et voyez
comme notre spiritualité, qui parait joyeuse, légère, subtile, nous
demande encore d’être de petits apprentis devant des créatures de
lumière bien plus beaux que nous, des maitres ascensionnés bien plus
hauts, un Tout bien plus puissant que nous …
L’histoire pourrait se poursuivre encore, mais à quoi cela servirait-il ?
Nous sommes nés sur cette planète de jeu, mais il est temps de nous
demander si ce jeu nourrit l’immensité que nous sommes ou s’il nous
demande également de nous repentir de nos fautes humaines.
Et vous, que choisissez-vous d’être ? Libres ou tout petits ? L’Univers
entier ou l’humain qui peine ? C’est uniquement lorsque vous aurez fait
votre choix, que tout votre décor se modifiera et que nous nous
retrouverons tous UN !
Mais, êtes-vous certains que vous serez encore là « demain », puisque tout ceci se déroule dans l’instant présent ?
Comme nous sommes Beaux et Immenses ! Sans dimensions, sans limites, sans fin ni début …