lundi 1 octobre 2012

Heureux qui comme Ulysse…

Par le Passeur.
Quel étrange décalage nous vivons entre un monde où le temps paraît figé dans un vague sentiment d’imminence et où tout en nous semble toujours s’accélérer sans que nous maîtrisions quoi que ce soit de la succession des paliers franchis. Nous ne voyons plus passer les jours, les semaines, les mois, nous ne comprenons plus où est passé le temps, nos mémoires se défont, nos savoirs les plus élémentaires nous échappent. Si tout paraît vain et peut nous démobiliser, quelque chose pourtant nous pousse à entreprendre dans une inhabituelle indécision, à créer une dynamique, un mouvement.
Être à l’écoute sans demeurer dans l’attente, faire sans s’éloigner de l’essentiel, où se trouve le juste chemin ? A quelle juste distance placer notre chaise à la table du monde ? Telle est la question qui taraude plus d’un artisan du nouvel Âge d’Or en ce monde pourtant encore si terne, si éteint, en apparence.
Dans l’arrière plan du visible, tout se met en place, mais rien ne demeurera à terme invisible aux yeux de tous, et ce terme semble à présent très proche. Peut-être est-ce là que trouve sa source le sentiment imprécis d’imminence que nombre d’entre vous ressentent. C’est ce qui explique peut-être aussi cette démobilisation, ce désir de retrait du monde connu, cette envie d’en finir avec tout ça, de rentrer à la maison.
Il n’est pas dans nos plans d’âmes de se laisser démobiliser, ni d’attendre tourné vers l’extérieur ce qui ne peut naître que si nous regardons à l’intérieur. Ne vous laissez pas aller à ce goût d’accoster sans plus attendre sous prétexte que les premières senteurs de la terre promise vous parviennent enfin et que les premiers oiseaux se posent sur le pont après une si longue traversée des eaux. Vous y êtes encore sur le pont, il y a une barre à diriger, un cap à tenir et un gréement à manœuvrer, l’accostage réclamant toujours la plus grande attention. Faites ce que bon vous semble pour vous maintenir à flot durant les derniers bords à tirer, faites ce que vous sentez juste pour vous et pour l’ensemble de l’équipage, ne vous occupez pas des sirènes qui vous appellent vers les fonds, comme Ulysse attachez-vous au mât si vous le désirez ou, simplement, ne prêtez plus l’oreille aux chants de malheur.
Que dire d’autre que cela : soyez présent à vous-même. Sans concession à l’à-peu-près, sans faiblesse en ces moments bénis après tant d’efforts à pagayer contre les courants d’un monde aveugle. Vous surfez à présent, dans le sens des grandes marées. Soyez conscients de votre propension innée à garder l’équilibre, vous l’avez toujours fait, c’est inscrit dans votre mémoire.
Ceux qui s’agitent à contre-courant sont ceux-là même qui croient encore définir le sens des marées, ils détiennent encore quelques leviers pour entraîner les ignorants dans le courant de la peur. Si certains de ceux-là essaient encore de déclencher leurs guerres insensées, ils ne sont en rien le reflet de l’état du monde. Les intérêts du microcosme de ces faiseurs de souffrance ne sont en rien les vôtres. Oubliez-les, n’accordez plus de crédit à leurs gesticulations, sortez du regard imposé par ceux-là et soyez enfin pleinement présent au vôtre. Là est la mesure de la distance à conserver entre eux et vous. Ils existent au sein de leur illusion, sur les planches vermoulues de leur théâtre obscur, ils sont vous comme tout un chacun, mais vous n’êtes plus en phase avec cette part désormais en retrait de votre expérience de vie. Vous-même avez grandi, votre regard porte plus loin, vos visées sont à présent ailleurs, loin du contrôle illusoire de ceux qui ont forgé les chaînes en lesquelles vous avez cru si longtemps.
Si vous vous sentez encore vulnérable à la morsure des incendies qu’ils allument, alors demeurez hors de leur vue, hors de leurs pensées, hors de leurs propagandes, ne soyez rien qu’ils ne puissent voir comme une proie à leur portée et attisez peu à peu les braises de votre amour et de votre sagesse jusqu’à ce qu’ils vous aient empli de la force qui est légitimement vôtre. Si vous vous sentez assez fort pour être ce que vous êtes aux yeux de tous, alors ne vous cachez pas, portez haut votre lumière, elle les éloignera comme le flambeau chasse le prédateur dans la nuit car ils n’ont de courage que dans l’obscurité qui les masque, ils ne sont dans la lumière plus rien que leur propre misère. Votre clarté attirera à vous ceux qui ont besoin de reprendre des forces pour découvrir qu’eux-mêmes sont forts, que leur faiblesse n’était que croyance et que toute croyance qui rapetisse peut être laissée là à jamais, et se noyer avec les traces de leurs pas dans la boue du passé.
L’horloge cosmique vous appelle une ultime fois à ne plus accepter dans votre vie que ce qui vous hisse vers ce que vous reconnaissez comme votre Être suprême, votre essence divine. Laissez de côté ce qui ne nourrit finalement que l’égo, prenez soin de votre corps et de ce que vous lui donnez, séparez-vous enfin des addictions, abandonnez le superflu, tout ce qui vous distrait de votre aspiration profonde et toute chose autour de vous qui vous ramène aux vieilles énergies, vous savez désormais faire intuitivement et instantanément la différence. Si vous êtes présent à vous même, sincère et sans compromission, si vous suivez votre voie royale de l’impeccabilité, vous êtes alors à l’écoute de votre canal intérieur, vous savez entendre la voix de votre âme, vous percevez la hauteur de vue de l’Esprit qui préside à votre chemin de vie et vous êtes alors là où vous l’aviez choisi en ces temps d’exception. Quel que soit son visage – et il vous appartient d’en scruter les facettes – seule la peur vous maintient dans le moule qu’ils ont façonné pour étouffer en vous votre pouvoir, pour vous asservir toujours plus.
Une vie simple où chaque jour qui se lève vous emplit de gratitude est le signe infaillible de votre équilibre sur la vague. L’accueil, l’acceptation de tout ce qui vient sans tenter de contrôler le flux est la juste attitude. Vouloir contrôler, c’est s’opposer à ce qui vient à vous et qui est toujours juste, c’est rompre l’harmonie des courants qui vous portent à votre couronnement. Pour autant, la vigilance demeure une nécessité parce que votre perception s’ouvre et va s’ouvrir de plus en plus, que ses effets pourront être déstabilisants si vous n’êtes pas dans la sérénité de l’accueil. A rappeler à vous sous forme de rêves et de visions dans un premier temps vos autres dimensions, à ne plus rien comprendre au temps qui s’écoule, à voir la mémoire d’une vie s’effacer et celles d’autres émerger, à ne plus comprendre ce que votre corps peut exprimer dans ses réactions inexpliquées, parfois douloureuses, à se sentir ailleurs jusqu’à voir parfois l’ailleurs, vous risquez de perdre le centre, la présence nécessaire à vous-même ici et maintenant. C’est une expérience qui peut être déstabilisante jusqu’à être chaotique, même pour ceux qui en ont déjà fait l’expérience, j’en ai déjà parlé dans La voix au-delà du chaos, Le Passage du Chas et Les Nouvelles saisons, l’humanité et Gaïa.
Pour autant, tout ce que vous avez vécu sur votre parcours d’éveil vous a préparé à cela. Dans cette situation nouvelle, vous n’êtes démuni que de l’encombrant, pas de l’essentiel. Accueillir ce qui vient, c’est donner la main à son enfant intérieur sous le regard éclairé de l’Esprit qui vous guide, c’est faire preuve d’innocence et d’humilité. De l’innocence du juste qui n’a rien à craindre par ce qu’il n’a pas de peur, de l’humilité de l’humble qui s’est donné en confiance à la vie, ne cherchant pas le contrôle, ne cédant pas tout ce qui fut jusque-là de l’ordre de la guérison en soi des vieilles souffrances, du dépôt des armes et de l’armure. Tout ce qui vous a dénudé des oripeaux de l’égo douloureux vous a oint de cette bénédiction de l’innocent. C’est votre plus grande force, elle n’éloigne pas de vous le prédateur, elle éloigne du prédateur sa propre volonté de pouvoir qui n’est autre que sa propre peur, elle le guérit, elle le ramène à votre niveau parce qu’il est ce que vous étiez et qu’enfin il se souvient de qui il est lorsqu’il n’a plus peur. De votre force de guérison naît un sillage où d’autres s’inviteront. Là se place votre chaise à la table du monde.
Le chaos vient pour chacun, porteur de ce qu’il y a de meilleur en lui. Du point de vue de la chenille au sol, la peur l’emportera probablement, du point de vue élevé du papillon dans l’envol, l’amour portera ses ailes. J’ai vu ce matin disparaître soudainement sous mes yeux un vol d’hirondelles virevoltantes dont j’observais l’étrange comportement. Sans réfléchir, un mot m’est venu en l’instant : ascension. De quoi donc était fait l’air qui portait leurs ailes et qu’elles ont alors reconnu…
Fraternellement,
© Le Passeur – 30 Septembre 2012 – http://www.urantia-gaia.info Cet article est autorisé à la diffusion à la seule condition de ne pas l’associer à une démarche commerciale, de respecter l’intégralité du texte et de citer la source.
Cette série d’articles est réunie dans la rubrique « L’Eveil ».

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